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Le Consensus de Santiago : un appel à des investissements financiers plus importants dans la profession enseignante

Cet article de blog a été initialement publié sur le blog Éducation pour tous du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) le 31 octobre 2025.

Partout dans le monde, les obstacles financiers continuent de peser sur l'avenir de la profession enseignante, au détriment de l'inclusion et de l'équité dans les systèmes éducatifs.

La profession est confrontée à de nombreux déficits, tant en termes de nombre d'enseignants qualifiés que de financements pour soutenir les nouveaux enseignants comme ceux déjà en poste.

Le Consensus de Santiago invite les acteurs du secteur de l'éducation à reconnaître la gravité et l'urgence de la crise qui touche la profession enseignante, tout en préconisant des politiques plus fermes et plus globales.

Pouvons-nous nous permettre de ne pas agir ?

D'ici 2030, on prévoit que 44 millions de nouveaux enseignants seront nécessaires dans le monde pour garantir une éducation de qualité pour tous, pour un coût annuel estimé à près de 120 milliards de dollars américains.

Les régions connaissant une croissance démographique rapide devraient être les plus touchées par la pénurie, en raison de la nécessité de créer de nouveaux postes d'enseignants.

La surpopulation des salles de classe est devenue un sérieux problème dans les pays à faible revenu, où le ratio enseignants/élèves est de 52 pour 1, contre 15 pour 1 dans les pays à revenu élevé.

Pour bâtir un avenir fondé sur l'inclusion, l'équité, l'égalité des genres et l'éducation pour tous, la coopération et la solidarité mondiales sont essentielles. C'est maintenant qu'il nous faut investir dans les enseignants.

Mobiliser la communauté internationale dans le cadre d'un processus consultatif

Le Consensus de Santiago définit une vision commune et des priorités pour consolider la profession enseignante à l'échelle mondiale.

Il a été élaboré sous l'égide de l'UNESCO dans le cadre d'un vaste processus consultatif auquel ont participé le réseau de l'Équipe spéciale internationale sur les enseignants, le Comité directeur de haut niveau pour l'ODD 4 – Éducation 2030, des réseaux de jeunes, ainsi que des enseignants et leurs organisations.

Il réaffirme le rôle indispensable des enseignants en tant que pilier de l'éducation et appelle à une action rapide pour renforcer les politiques relatives aux enseignants.

Le consensus a été adopté à l'issue du Sommet mondial sur les enseignants, une réunion de haut niveau de deux jours qui a rassemblé des dirigeants politiques, des représentants des enseignants, des organisations internationales et des acteurs clés du secteur de l'éducation, organisée par l'UNESCO et le gouvernement chilien.

Ce sommet a marqué un tournant décisif dans le dialogue mondial, en favorisant les discussions sur les enjeux liés à la pénurie d'enseignants, au financement et à l'harmonisation des politiques, ainsi qu'à l'évolution rapide de l'ère numérique.

Investir dans les enseignants pour un impact durable

Le Consensus de Santiago définit une série d'engagements pris par les gouvernements et les acteurs du secteur de l'éducation en vue d'atteindre un objectif commun : maintenir des systèmes éducatifs qui favorisent le bien-être, le développement professionnel et les différentes compétences des enseignants.

Le financement durable est apparu comme l'un des enjeux les plus urgents liés à la profession enseignante. Pour progresser, nous devons promouvoir la transparence et la nécessité de rendre compte.

S'appuyant sur cette compréhension commune, l'Équipe spéciale internationale sur les enseignants a profité du Sommet pour amplifier cet appel à l'action. Elle a participé à des sessions consacrées au financement et a publié un nouveau document élaboré en collaboration avec l'UNESCO et axé sur l'évaluation des coûts et le financement de la profession enseignante en tant qu'investissement stratégique dans l'éducation.

Ce document souligne que le financement durable de la profession enseignante est indispensable pour atteindre l'objectif de développement durable (ODD) N° 4. Il appelle à un engagement politique renouvelé et à des mesures stratégiques fondées sur des données probantes afin de garantir une budgétisation plus efficace, tout en mettant en évidence les enjeux et les opportunités liés à l'investissement durable dans les enseignants.

Financer l'équité et la nécessité de rendre compte

Le document passe de la stratégie à la mise en œuvre et insiste également sur l'importance de mobiliser les ressources nationales en faveur des enseignants en accordant la priorité à l'éducation dans les budgets nationaux et en établissant des garanties légales pour son financement, notamment via une allocation budgétaire minimale fixée par la loi.

Les bailleurs de fonds et les partenaires internationaux sont encouragés à renforcer la coordination aux niveaux national et mondial et à promouvoir la négociation collective en vue de structures salariales équitables, d'avantages sociaux complets et d'une protection contre les contrats de travail précaires.

Ce message s'aligne sur le Compromiso de Sevilla (Engagement de Séville), le document final de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui soutient « un financement approprié pour garantir une éducation inclusive, équitable et de qualité pour tous ».

Mettre en œuvre le Consensus de Santiago

Nous sommes actuellement en retard dans la réalisation de l'ODD 4, qui vise à « assurer une éducation inclusive et équitable de qualité et promouvoir les possibilités d'apprentissage tout au long de la vie pour tous ».

En tant que communauté mondiale de l'éducation, nous devons concevoir des stratégies d'investissement à long terme qui favorisent le recrutement équitable, une rémunération juste, le développement professionnel continu et l'amélioration des conditions de travail.

Cet objectif commun d'éducation pour tous ne peut être atteint sans engagements financiers significatifs.

La campagne de financement vise à mobiliser les ressources des bailleurs de fonds afin de reconstituer ses fonds consacrés à une éducation de qualité pour tous et d'inverser la tendance face à la crise mondiale de l'enseignement et de l'apprentissage.

Co-organisée par le Nigéria et l'Italie, la 5e campagne de financement du GPE s'est fixé des objectifs ambitieux : lever 5 milliards de dollars pour le fonds du GPE et débloquer 10 milliards de dollars supplémentaires en cofinancement auprès des banques de développement, des bailleurs de fonds bilatéraux, du secteur privé et des partenaires philanthropiques.

Si ces objectifs sont atteints, ils transformeront les systèmes éducatifs de 96 pays et territoires à revenus faibles et à revenus intermédiaires de la tranche inférieure.

Action collective pour les enseignants, avec les enseignants

Le Consensus de Santiago est une annonce de contribution commune et un appel mondial à repenser l'enseignement comme un parcours collaboratif et permanent, fondé sur la confiance, le respect et l'investissement.

Les voix des enseignants et la participation des jeunes doivent orienter l’élaboration de politiques de qualité visant à attirer, soutenir et retenir des éducateurs dévoués.

Le moment est venu de mettre en place une coopération internationale ambitieuse et un financement durable pour concrétiser ces politiques.

Ensemble, nous pouvons faire en sorte que chaque enseignant dispose des moyens nécessaires pour agir, que chaque élève soit inspiré et que chaque salle de classe devienne un espace d'inclusion, d'équité, de paix et d'espoir.

Transformons les engagements de Santiago en une action collective pour les enseignants, avec les enseignants.

Pour en savoir plus :

Photo: GPE/Kelley Lynch