Aller au contenu principal
Blog
  • 04.05.2020

Enseigner malgré le COVID-19 en Afrique du Sud- #RécitsdEnseignants

 

Quelle est votre expérience en tant qu’enseignante utilisant des outils et des plates-formes d’enseignement / apprentissage à distance ?

Avant le Covid-19, j’utilisais Skype en classe comme outil d’enseignement à distance. Je faisais participer des enseignants du monde entier à mes cours et je contribuais également à des cours internationaux. Quand notre école s’est apprêtée à fermer en raison du Covid-19, nous utilisions déjà Microsoft TEAMS et Google Classroom en classe. Lorsque l’école a fermé, nous avons été invités à les utiliser pour enseigner en ligne, et pour donner et noter les devoirs.

 

Comment travaillez-vous avec les élèves et les collègues pour assurer la continuité pédagogique malgré la crise ?

Les deux plates-formes, Microsoft TEAMS et Google Classroom, se sont avérées excellentes pour l’enseignement en ligne. Je donne (et j’enregistre) des cours destinés simultanément à un maximum de 30 élèves à la fois et je réponds aux questions pour que le cours soit interactif. J’ai également créé des groupes WhatsApp pour chacun de mes cours, pour un échange rapide de messages et pour recevoir des questions. J’envoie aussi de courts messages vocaux, pour rappeler aux élèves qu’ils doivent remettre quelque chose ou pour leur envoyer de brefs messages de soutien. J’ai téléchargé des clips de l’académie Kahn, des clips YouTube, ou des liens vers des leçons que j’ai téléchargées sur Google Classroom, et j’ai aussi donné du travail par ce moyen, assorti de délais.

L’école a fourni aux élèves de milieux défavorisés une clé et des données ainsi qu’un iPad pour qu’ils peuvent suivre les cours.

 

Comment faites-vous face à ces nouvelles conditions de travail ?

Les élèves ont réagi chacun à leur façon, et il m’a donc fallu adapter mon enseignement pour ceux qui apprennent moins vite, parce qu’ils manquent d’autodiscipline ou qu’ils sont déprimés à cause du confinement. Je débute chaque cours par des encouragements émotionnels, je demande aux élèves comment ils se sentent et j’ai globalement réduit mon rythme ou mes attentes. Certains élèves travaillent vite, mais d’autres ont ralenti, parce que des membres de leur famille ont été diagnostiqués positifs au virus ou pour d’autres raisons personnelles. Je trouve que c’est également difficile pour les parents car toute la famille est à la maison et ils demandent à l’école de donner un jour chaque semaine pour permettre aux élèves de rattraper leur retard et de ne pas recevoir de nouveaux devoirs. Pour certains cours, quand je dis « au revoir » aux élèves, ils se mettent parfois à larmoyer. Les élèves sont vraiment motivés pour suivre la classe. Je suis très fière d’eux, mais je me rends compte combien ils ont besoin d’explications et de soutien au jour le jour. J’ai essayé de simplifier mes cours, car ils ont beaucoup de leçons en ligne. Ils se déconnectent et se connectent aux cours de différents enseignants pendant 5 heures, avec peu de pauses. Nous sommes un établissement secondaire du deuxième cycle, mais certains enseignants ne respectent pas toujours l’emploi du temps et leurs tests ont débordé du temps imparti, etc.

Je dirige des activités importantes comme la responsabilité sociale, où nous travaillons avec des enfants des quartiers pauvres qui ont le SIDA, et une modélisation des Nations Unies, et le travail que je fais avec d’autres organisations sur les ODD, tout cela a ralenti et a été en grande partie mis en pause pendant les 21 jours de fermeture complète.

 

Quelles directives et quel appui avez-vous reçu (le cas échéant) ?

Nous avons le soutien en ligne de notre personnel informatique. Les membres du personnel partagent des informations sur les applications et les programmes qui ont fonctionné pour eux. Le personnel est invité à respecter l’emploi du temps normal des cours et nous préparons également des rapports en ligne en ce moment. Nous communiquons nos problèmes à l’équipe informatique qui s’efforce ensuite de les résoudre.

Au début du mois d’avril, j’ai été invitée à participer à un séminaire internet Jakes Gerwel Fellowship en Afrique du Sud, intitulé « Educating in Interesting Times » (éduquer dans une période intéressante), qui traitait de l’utilisation de différents outils pour l’éducation en ligne.

Je fais aussi partie du réseau Varkey Teacher Ambassador (VTA) de la Fondation Varkey et je partage et je reçois des idées dans ce cadre également.

 

Marjorie Brown

Marjorie Brown a été finaliste du Global Teacher Prize de la Fondation Varkey.

**********************************************************

Ce blog fait partie de la campagne #RécitsdEnseignants de l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants, créée pour mettre en avant les expériences des enseignants travaillant chaque jour pour s'assurer que leurs élèves continuent de bénéficier d'une éducation de qualité malgré la pandémie de COVID-19. Les modalités de participation sont disponibles sur notre site.

Nouvelles
  • 09.09.2020

Le Togo adopte une politique nationale relative aux enseignants

À la suite de l’adoption de l’agenda Éducation 2030, qui reconnaît le rôle central des enseignants dans le droit à une éducation de qualité, le gouvernement du Togo a entrepris d’élaborer une politique nationale globale relative aux enseignants. L’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030 soutient les pays demandant une assistance technique concernant l’enseignement et les enseignants. C’est ainsi que l’Équipe spéciale sur les enseignants a aidé le Togo à élaborer sa politique nationale relative aux enseignants en s’appuyant sur le Guide pour l'élaboration d'une politique enseignante.

Pourquoi une politique était-elle nécessaire ?

D’après l’Institut de statistique de l'UNESCO, 1 180 321 enfants étaient en âge d’aller à l’école primaire en 2015, mais le pays ne comptait alors que 33 900 enseignants du primaire, dont seulement 32,6 % possédaient les qualifications conformes aux normes nationales, et le ratio était de 41 élèves pour un enseignant. Le Togo, qui dans les années 1990 a fait appel à des « enseignants contractuels », a décidé aujourd’hui de renforcer le personnel enseignant et son système éducatif.

Le processus d’élaboration

Afin de faciliter la mise en œuvre et la réalisation d’un accès équitable à une éducation de qualité, le Togo a élaboré une politique nationale relative aux enseignants qui couvre tous les niveaux et les facettes de la profession. Parallèlement, le pays a revu son plan pour le secteur de l’éducation avec pour objectif d’y intégrer la nouvelle politique.

La politique nationale relative aux enseignants du Togo propose des mesures visant à améliorer les conditions de travail et la motivation des enseignants.

Une équipe technique multisectorielle nationale a été mise sur pied et rassemble les différentes parties prenantes de l’éducation, à savoir les représentants des ministères, des associations de parents d’élèves, des syndicats d’enseignants et du secteur de l’éducation. Cette équipe technique est placée sous l’autorité d’un comité ministériel. Elle avait pour tâche d’élaborer la politique nationale relative aux enseignants en s’inspirant de l’approche proposée par le Guide pour l'élaboration d'une politique enseignante de l’Équipe spéciale sur les enseignants.

La politique nationale relative aux enseignants du Togo s’articule autour de trois grands axes : l’efficacité des enseignants, leur motivation et leur professionnalisation. Chaque axe couvre plusieurs dimensions présentées dans le Guide pour l'élaboration d'une politique enseignante. Pendant l’élaboration de la politique, l’équipe technique nationale a décidé d’ajouter une dixième dimension relative à la participation des enseignants au dialogue social.

Cette politique relie le concept d’efficacité aux compétences et à la performance des enseignants. Elle aborde en particulier les normes professionnelles, les cadres de qualification, ainsi que les stratégies en matière de recrutement, de déploiement et de rétention.

S’agissant de la motivation, l’accent est mis sur la définition de parcours professionnels structurés, l’amélioration des conditions de travail des enseignants, l’établissement de normes relatives à la rémunération alignées sur celles d’autres professions exigeant le même niveau de qualification et de responsabilité dans le pays, et le renforcement du rôle de gouvernance des établissements scolaires dans le suivi et le contrôle des bonnes performances des enseignants.

En ce qui concerne la professionnalisation, la politique aborde la redevabilité des enseignants sous l’angle de la performance : l’auto-évaluation, l’évaluation par les pairs et l’évaluation des résultats en matière d’apprentissage. Elle émet également des propositions visant à améliorer la représentation des enseignants et leur participation au dialogue social.

Quelle est la suite ?

Le document de politique de l’équipe technique sera soumis à l’approbation formelle des autorités nationales. L’étape la plus importante sera la mise en œuvre de la politique nationale relative aux enseignants. L’engagement continu des parties prenantes, la mobilisation de ressources financières suffisantes, la création de structures de mise en œuvre et de suivi, et la disponibilité de données qualitatives et quantitatives précises et fiables sur les enseignants étayeront les efforts du Togo pour atteindre ses objectifs nationaux et réaliser la cible relative aux enseignants du quatrième objectif de développement durable (ODD 4). L’Équipe spéciale sur les enseignants continuera d’être un partenaire majeur de cette initiative.

Crédit photo : Jordan Rowland/Unsplash