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Événement
  • 16.08.2024

Journée mondiale des enseignants 2024 : Valoriser les voix des enseignants : Vers un nouveau contrat social pour l'éducation

La Journée des enseignant(e)s a lieu chaque année pour célébrer les enseignants à travers le monde. Elle commémore la signature de la Recommandation OIT/UNESCO concernant la condition du personnel enseignant de 1966 qui fixe les critères de référence relatifs aux droits et aux responsabilités des enseignant(e)s ainsi que les normes fixant leur formation initiale et continue, leur recrutement, leur emploi et les conditions d’enseignement et d’apprentissage. La Recommandation concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur, adoptée en 1997, complète la Recommandation de 1966 pour y adjoindre le personnel de recherche et d'enseignement de l'enseignement supérieur. La Journée des enseignant(e)s est célébrée depuis 1994.

Cette journée est l'occasion de célébrer la façon dont les enseignants transforment l'éducation, mais aussi de réfléchir au soutien dont ils ont besoin pour déployer pleinement leur talent et leur vocation, et de reconsidérer la perspective d’avenir de la profession au niveau mondial. 

La Journée mondiale des enseignants est organisée conjointement par l’UNICEF, l’Organisation internationale du Travail et l’Internationale de l’éducation.

Valoriser les voix des enseignants : vers un nouveau contrat social pour l'éducation

Les célébrations de 2024 se dérouleront autour du thème "Valoriser les voix des enseignants : vers un nouveau contrat social pour l'éducation", afin de souligner l'urgence de faire entendre et de prendre en compte les voix des enseignants pour relever leurs défis, mais surtout pour reconnaître et bénéficier des connaissances expertes et des contributions qu'ils apportent à l'éducation.

L'événement organisé au Siège de l'UNESCO mettra l'accent sur l'importance d'intégrer les perspectives des enseignants dans les politiques éducatives et de favoriser un environnement propice à leur développement professionnel. Ce thème répond aux défis significatifs soulignés par le groupe de haut niveau du Secrétaire général de l'ONU sur la profession enseignante, ainsi que par notre récent Rapport mondial sur les enseignants, incluant de nouvelles données clés sur la pénurie croissante d'enseignants et la dégradation des conditions de travail.

La journée comprendra une cérémonie d'ouverture avec des messages de haut niveau de l'UNESCO, de l'OIT, de l'UNICEF et d'Education International. Elle inclura également une allocution sur la nécessité d'un nouveau contrat social dans l'éducation et une partie mettant en avant les voix des enseignants présents dans la salle et dans le monde entier, partageant leurs idées sur l'amélioration des politiques et des pratiques. De plus, le Prix UNESCO-Hamdan pour le développement des enseignants sera décerné, célébrant des contributions exceptionnelles au développement des enseignants.

Campagne de plaidoyer #TeachersMissing de l'Equipe spéciale sur les enseignants

L'accent mis cette année souligne l'urgence d'écouter et de prendre en compte les voix des enseignants pour relever les défis auxquels ils sont confrontés, mais surtout, pour reconnaître et tirer parti de l'expertise et des contributions qu'ils apportent à l'éducation. Dans le cadre de la campagne #TeachersMissing de l'Equipe spéciale sur les enseignants, la session matinale consacrée aux voix des enseignants sera l'occasion de donner la parole aux enseignants présents dans la salle et de présenter les témoignages vidéo d'enseignants du monde entier.

Format de l'événement

La Journée mondiale des enseignants 2024 se déroulera dans un format hybride, offrant à la fois des options de participation en présentiel et en virtuel. L'événement aura lieu en personne au Siège de l'UNESCO à Paris, France, dans les salles I et IV. Une interprétation en français, espagnol, anglais, arabe et portugais sera disponible. Le public sera invité à participer activement et à s'engager dans les discussions.

Plus d'informations

Le programme, la note conceptuelle et tous les supports de communication sont disponibles sur la page officielle de la Journée mondiale des enseignants de l'UNESCO.

Événement
  • 06.08.2024

Enseignants, nous voulons vous entendre !

Les enseignants sont la pierre angulaire d'une éducation de qualité, mais les systèmes éducatifs du monde entier sont confrontés à des pénuries chroniques d'enseignants. Selon le dernier Rapport mondial sur les enseignants publié par Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030 et l'UNESCO, 44 millions d'enseignants supplémentaires sont nécessaires à l'échelle mondiale pour atteindre l'éducation primaire et secondaire universelle d'ici 2030. Bien que ce chiffre soit en baisse par rapport aux 69 millions projetés en 2016, il met tout de même en évidence un déficit important, notamment dans des régions comme l'Afrique subsaharienne, qui à elle seule a besoin de 15 millions d'enseignants supplémentaires.

Les conditions de travail des enseignants aujourd'hui influencent directement les conditions d'apprentissage des élèves de demain. Combler ces pénuries n'est pas seulement une priorité ; c'est une urgence impérative. L’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030 mène la campagne de plaidoyer #TeachersMissing pour 2024 afin de s'attaquer à cette question cruciale. Lancée lors de la réunion de bilan TES le 17 juin 2024 au siège de l'UNESCO, cette campagne vise à informer et à influencer les décisions et rassemblements mondiaux clés tout au long de l'année.

Dans le cadre de cet effort, nous invitons les enseignants du monde entier à contribuer par leurs voix et leurs expériences. Vos témoignages sont essentiels pour façonner des politiques et des pratiques qui garantiront un corps enseignant solide et efficace pour l'avenir. Rejoignez-nous dans cet effort collectif pour plaider en faveur du soutien et de la reconnaissance que les enseignants méritent et dont ils ont besoin.

Les témoignages sélectionnés seront édités et utilisés pour produire une vidéo qui sera diffusée lors des célébrations de la Journée mondiale des enseignants au siège de l'UNESCO à Paris, le 4 octobre 2024.

Lignes directrices

Questions pour les enseignants

  1. Pourquoi est-il important de faire entendre les voix des enseignants ? Vous pouvez parler du niveau de l'école, de la communauté, de la région ou du pays. Pistes : les réformes et initiatives éducatives fonctionnent mieux lorsqu'elles sont consultées avec les enseignants, motivation et identité (se sentir membre de la communauté) ; fournir des retours et des contributions / les enseignants en tant que chercheurs et intellectuels publics.
  2. Quels mécanismes de participation des enseignants pourraient être mis en place pour mieux capturer les connaissances et la voix des enseignants ? Piste : Ces lieux / conversations ont-ils lieu là où vous travaillez, avez-vous pu y participer ? Comment / pourquoi pas ? Piste 2 : Comment la formation des enseignants et le développement professionnel devraient-ils évoluer pour que les enseignants puissent diriger ces processus ? 
  3. Il y a une pénurie mondiale d'enseignants dans le monde. De votre point de vue, quelles seraient les solutions pour s'assurer que les jeunes générations aspirent à devenir enseignants ? Quel rôle peut jouer la voix des enseignants et quelles mesures permettraient une plus grande participation des enseignants dans l'élaboration des politiques ?

 Spécifications techniques

  • Orientation : horizontale, 16:9, si possible
  • Format : Soumettez les vidéos dans l'un des formats suivants : MP4, MOV, AVI ou WMV.
  • Résolution : Résolution minimale de 720p (1280x720 pixels). Des résolutions plus élevées comme 1080p (1920x1080 pixels) sont préférées.
  • Durée : Les vidéos doivent durer entre 1 et 5 minutes.
  • Audio et image : Assurez-vous que l'audio soit clair et audible et que la lumière soit derrière la caméra.
  • Langue : Nous accueillons des témoignages dans toutes les langues. Si le témoignage est dans une langue autre que l'anglais, le français, l'espagnol, l'arabe, le polonais, l'italien ou le portugais, veuillez nous envoyer une transcription dans l'une de ces langues.

Processus de soumission

  • Date limite : Veuillez soumettre votre vidéo avant le 15 août. Si vous avez besoin de plus de temps, veuillez nous en informer.
  • Méthode : Partagez votre vidéo via un lien de téléchargement. Plateformes proposées : WeTransfer, UNESCO File Depot, puis envoyez un courriel à Anna Ruszkiewicz ae.ruszkiewicz@unesco.org et Jack McNeill j.mcneill@unesco.org pour partager le lien et nous informer de votre soumission.

Permissions et droits

  • Consentement : Obtenez les autorisations nécessaires de tous les participants figurant dans la vidéo. Les formulaires de permission en anglais, français et espagnol peuvent être téléchargés ici.
  • Droits : En soumettant, vous accordez à l'UNESCO le droit d'utiliser, de partager et de distribuer votre vidéo à des fins promotionnelles.
  • Informations supplémentaires
  • Description : Fournissez une brève description de l'enseignant(e) dans la vidéo, comprenant les informations suivantes :
  • Prénom et nom
  • Rôle (enseignant / responsable d'établissement / autre)
  • Pays
  • Toute autre information que vous souhaitez fournir
  • Coordonnées : Incluez votre nom complet, adresse e-mail et numéro de téléphone pour toute communication ultérieure.

Ressources

Blog
  • 17.06.2024

#TeachersMissing : la crise mondiale des enseignants a un impact sur notre avenir collectif

Le réseau de l’Équipe spéciale sur les enseignants a lancé sa campagne de plaidoyer #TeachersMissing lors de l’événement de bilan du Sommet sur la transformation de l’éducation (TES) organisé par le Comité directeur de haut niveau sur l’ODD 4, le 17 juin 2024 au siège de l’UNESCO. Pour savoir comment soutenir la campagne, cliquez ici.

Il y a une grave pénurie d’enseignants au niveau mondial, avec un besoin urgent de 44 millions d’enseignants supplémentaires d’ici 2030. Pour y remédier, les pays doivent travailler ensemble pour investir dans l’éducation et donner aux enseignants les moyens d’agir. L’avenir de l’ensemble des apprenants et des sociétés en dépend.

Des enseignants dévoués sont au cœur d’une éducation de qualité pour chaque apprenant. Mais les systèmes éducatifs du monde entier sont en crise, car les pénuries d’enseignants ne cessent de s’aggraver. Chaque année, des millions d’enseignants démissionnent et l’attrait de la profession ne cesse de diminuer.

Le nouveau Rapport mondial sur les enseignantspublié par l’Équipe spéciale sur les enseignants et l’UNESCO, souligne que 44 millions d’enseignants supplémentaires seront nécessaires d’ici 2030 pour atteindre l’objectif de développement durable 4, qui consiste à assurer l’éducation primaire et secondaire pour tous.

Ces pénuries d’enseignants généralisées nuisent à la qualité de l’éducation dans tous les pays et régions du monde, quel que soit leur niveau de développement économique ou humain.

Selon le rapport, les taux d’attrition mondiaux parmi les enseignants du primaire ont presque doublé, passant de 4,6 % en 2015 à 9 % en 2022. Toutefois, la majorité des pénuries d’enseignants (environ 70 %) concerne les écoles secondaires, et plus de la moitié d’entre elles doivent remplacer les enseignants qui quittent la profession.

Les qualifications des enseignants sont une autre question clé que les gouvernements et les acteurs de l’éducation doivent aborder. Au niveau mondial, 86 % des enseignants du primaire possèdent les qualifications nécessaires selon les normes nationales d’enseignement. Toutefois, en Afrique subsaharienne, cet indicateur tombe à 69 % seulement.

Dans des régions telles que l’Afrique subsaharienne, l’Amérique latine et les Caraïbes, ainsi que dans les petits États insulaires en développement (PEID), moins de 75 % des enseignants du niveau pré-primaire sont correctement qualifiés.

Le nombre d’élèves par enseignant qualifié s’est généralement amélioré dans le monde entier, mais les pays à faible revenu restent confrontés à un défi de taille.

En 2022, les pays à revenu élevé comptaient en moyenne 15 élèves par enseignant qualifié dans l’enseignement primaire, tandis que dans les pays à faible revenu, le ratio est presque trois fois plus élevé, avec 52 élèves par enseignant qualifié. Ce chiffre est également nettement supérieur au ratio élèves/enseignant recommandé par l’UNESCO dans l’enseignement primaire (40:1).

Investir dans les enseignants est plus qu’une simple priorité, c’est un impératif urgent. Sans cet investissement, la prochaine génération d’apprenants ne comptera pas suffisamment d’enseignants dans les salles de classe. 

#TeachersMissing : Où sont-ils passés ? 

Si aucune mesure n’est prise d’urgence, seuls quatre pays sur dix auront suffisamment d’enseignants pour assurer l’enseignement primaire universel d’ici à 2030. Cette proportion tombe à moins d’un pays sur cinq pour l’enseignement secondaire.

Plusieurs facteurs influencent les démissions d’enseignants. Ils sont confrontés à de multiples défis, notamment le manque de développement professionnel, les mauvaises conditions de travail, la lourdeur de la charge de travail et les bas salaires. Le manque général de respect et de reconnaissance de leur contribution essentielle à la société joue également.

Cette situation a eu un impact sur la santé mentale et le bien-être général des enseignants, qui se sentent dépassés et abandonnés. Elle a également dissuadé de nombreux candidats potentiels de rejoindre la profession. 

La pénurie de professionnels de l’enseignement et la baisse du nombre de nouveaux enseignants ont de graves conséquences sur l’éducation et le bien-être des apprenants. La répartition inégale des enseignants qualifiés perpétue également les inégalités en matière d’éducation, en particulier dans les pays en développement. 
 

Comment prévenir d’autres démissions et rendre l’enseignement plus attrayant ?

Dans un récent discours, António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré, « Les enseignants jouent un rôle essentiel dans le développement de la plus grande ressource de chaque pays : l’esprit de ses habitants. Pourtant, nous sommes aujourd’hui confrontés à une pénurie dramatique d’enseignants dans le monde entier, et des millions d’enseignants ne bénéficient pas du soutien, des compétences et de la formation continue dont ils ont besoin pour répondre aux exigences de systèmes éducatifs en évolution rapide ».

Le Groupe de haut niveau du Secrétaire général sur la profession enseignante a publié plusieurs recommandations pour transformer la profession enseignante et répondre à la crise de la pénurie d’enseignants, soulignant la nécessité de valoriser et de respecter la profession en garantissant « des conditions de travail décentes, des salaires compétitifs, la prise en compte de la voix des enseignants dans les politiques et la prise de décision, ainsi que des possibilités de développement et d’innovation ».

Ces recommandations sont reprises dans le Rapport mondial sur les enseignantsqui recense plusieurs exemples encourageants de pays qui ont commencé à changer les choses :

  • Le Kazakhstan a doublé les salaires des enseignants entre 2020 et 2023 après qu’une enquête a montré que les enseignants se sentaient surchargés de travail et sous-payés, ce qui a permis d’augmenter le soutien de l’État. Les enseignants se sentent désormais davantage soutenus par l’État.
  • En République de Corée, les nouveaux enseignants sont associés à des collègues plus expérimentés afin d’aligner l’apprentissage professionnel et d’échanger des idées. Les résultats sont prometteurs. 
  • Le Mexique a accordé des postes permanents à environ 800 000 enseignants contractuels qui y avaient droit après six mois de service.
  • En Chine, des facteurs tels que l’adéquation de la personnalité, l’intérêt pour une matière, la possibilité d’un développement professionnel continu (DPC) et le désir d’aider les autres motivent les élèves à poursuivre une carrière dans l’enseignement.
  • Le Népal encourage les personnes handicapées à entrer dans la profession d’enseignant, et près de 40 % des malvoyants titulaires d’un diplôme universitaire enseignent dans des écoles ordinaires.
  • L’Allemagne a investi dans une campagne de recrutement pour attirer les hommes vers les postes d’enseignants de la petite enfance, faisant plus que doubler leur nombre en 12 ans.
  • L’Égypte s’est engagée à nommer 150 000 nouveaux enseignants pour remédier aux pénuries.
  • Le Chili a réduit le temps d’enseignement de 75 % à 65 % afin de permettre aux enseignants de consacrer plus de temps à des activités telles que le développement professionnel.

Additionner les coûts, agir

Selon le rapport de l’UNESCO, de l’OCDE et du Commonwealth, le rapport sur le Prix de l’inactionles enfants qui quittent l’école prématurément ont un impact majeur sur le bien-être des sociétés et des économies. Toutefois, si les gouvernements veillaient à ce que chaque enfant reste à l’école et acquière des compétences de base, le PIB mondial pourrait augmenter de plus de 6 500 milliards de dollars É.-U. par an.

L’une des clés pour s’assurer que les enfants restent à l’école et apprennent est de recruter des enseignants qualifiés, motivés et diversifiés qui s’intéressent à tous les élèves de la même manière et qui peuvent libérer leur potentiel.

Cela met en évidence la nécessité pour les gouvernements de soutenir les enseignants par le biais de meilleures politiques et d’un financement plus important. Selon le rapport mondial sur les enseignants, l’investissement annuel nécessaire pour couvrir les nouveaux postes d’enseignants du primaire et du secondaire d’ici à 2030 est estimé à 120 milliards de dollars É.-U. Une part importante de cette somme (39 milliards de dollars É.-U.) doit être dirigée vers l’Asie et l’Afrique subsaharienne.

Pouvons-nous nous permettre de ne PAS agir ?

À seulement six ans de l’échéance des objectifs de développement durable 2030, nous sommes toujours confrontés à de nombreux défis pour réaliser l’éducation pour tous.  Il est urgent d’intensifier nos efforts !

Dans le cadre de sa campagne de plaidoyer 2024 #TeachersMissing, l’Équipe spéciale sur les enseignants vise à encourager les gouvernements, les organisations et les autres acteurs de l’éducation à renforcer le soutien aux enseignants. La campagne préconise d’améliorer l’attractivité de la profession enseignante afin de garantir à chaque apprenant l’accès à un enseignant qualifié et motivé.

Le monde doit reconnaître que les enseignants sont la clé de voûte d’une éducation de qualité et qu’ils jouent un rôle essentiel dans la construction d’un avenir plus durable, plus résilient et plus prospère pour tous. Consultez la page de la campagne de plaidoyer #TeachersMissing pour savoir comment vous joindre à cet appel urgent.


Ressources :

Blog
  • 06.10.2023

Aborder le problème méconnu des enseignants réfugiés

Ce blog a été écrit par Rebecca Telford, Ed.D, Cheffe mondiale de l’éducation, Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), à l’occasion de la Journée mondiale des enseignants 2023.

« On peut enseigner sans salle de classe, mais on ne peut pas enseigner sans professeur. Ce sont les domaines que nous oublions le plus souvent. Dans une classe... nous nous concentrons sur nos élèves, mais nous oublions la plupart du temps les enseignants. » – participant du Malawi, Teachers in Refugee and Displacement Settings: Policies, Practices & Pathways for Improving Teacher Quality & Workforce Sustainability study.

Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée mondiale des enseignants, il est essentiel de lever le voile sur une question qui reste largement ignorée : le sort des enseignants réfugiés. Depuis 1994, nous nous réunissons chaque année pour célébrer les contributions remarquables des enseignants du monde entier, en collaboration avec l’UNESCO et l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030, mais combien de fois nous arrêtons-nous pour considérer les défis uniques auxquels sont confrontés les enseignants qui ont été déplacés de force de leur domicile ? Le thème de cette année, « Les enseignants dont nous avons besoin pour l’éducation que nous voulons : l’impératif mondial d’inverser la pénurie d’enseignants » est un moment crucial pour mettre en lumière ces héros méconnus.

Des défis persistants au-delà des « murs de la salle de classe » pour les enseignants réfugiés

Imaginez un instant que vous n’ayez soudain d’autre choix que de quitter votre pays et tout ce que vous connaissez. Imaginez que vous arriviez dans un nouveau pays et que vous découvriez que les diplômes d’enseignement pour lesquels vous avez travaillé si dur ne sont plus reconnus. Vous êtes rendu(e) invisible dans votre capacité professionnelle. Même si vous avez la chance d’obtenir un poste d’enseignant(e), celui-ci s’accompagne d’un statut professionnel fortement diminué, d’un soutien minimal pour obtenir des qualifications et entrer dans le système national, et d’un salaire réduit, car la lutte pour obtenir un financement pluriannuel prévisible pour les enseignants ou les réfugiés continue d’être l’un des plus grands défis auxquels sont confrontés les systèmes éducatifs des pays d’accueil. Dans de nombreux cas, les enseignants réfugiés ne sont tout simplement pas pris en compte dans la planification nationale concernant l’augmentation du nombre d’enseignants, le budget ou les réformes en matière de rémunération, de maintien ou de développement professionnel.

L’étude à venir du HCR sur les Teachers in Refugee and Displacement Settings: Policies, Practices & Pathways for Improving Teacher Quality & Workforce Sustainability révèle que les enseignants dans les contextes de déplacement forcé naviguent fréquemment dans des environnements de classe complexes avec des qualifications, un soutien ou une rémunération limités.[1]En particulier, pour les enseignants qui sont aussi des réfugiés, les opportunités sont encore plus limitées parce que leur travail d’enseignant est rarement protégé par les normes de travail des pays d’accueil. Ce manque de reconnaissance et de soutien institutionnel aux enseignants dans les zones d’accueil des réfugiés a des conséquences négatives sur la scolarisation, les résultats et le bien-être des enfants des réfugiés et des communautés d’accueil.  

Pour les enseignants qui vivent et travaillent dans les camps de réfugiés du monde entier, ces défis ne sont pas hypothétiques : ils font partie de leur réalité quotidienne

Nous louons souvent la résilience des réfugiés pour leur courage et leur détermination. Mais qu’en est-il de ceux qui, malgré les circonstances difficiles dans lesquelles ils ont été jetés, s’élèvent pour éduquer la prochaine génération ? Ils ne sont pas seulement des éducateurs ; ils sont une lueur d’espoir, des piliers de stabilité et des symboles de normalité pour les enfants traumatisés par la guerre et les déplacements. Leurs récits, provenant d’endroits tels que le Tchad et l’Ouganda, font état de problèmes systémiques, qu’il s’agisse d’une rémunération inadéquate entraînant l’attrition des enseignants, de ressources pédagogiques insuffisantes ou d’opportunités de formation limitées. N’oublions pas non plus les enseignantes réfugiées, qui sont confrontées à des obstacles uniques et supplémentaires, mais qui jouent un rôle essentiel dans l’amélioration des chances d’accès à l’éducation pour les filles, tout en apportant d’immenses avantages sur le plan scolaire et en matière de protection.

Une voie vers un meilleur soutien et une meilleure reconnaissance des enseignants réfugiés

Malgré cette sombre réalité, tout espoir n’est pas perdu. Toutefois, pour remédier à la pénurie globale d’enseignants dans les camps de réfugiés, il convient d’agir rapidement et de manière stratégique.

Conformément au Pacte mondial sur les réfugiés (PMR) de partage des charges et des responsabilités, les pays d’accueil des réfugiés doivent être soutenus pour inclure les réfugiés dans le système éducatif national. La voie à suivre nécessite une collaboration et une idéation internationales, des cadres politiques coordonnés et la mise en place de parcours incluant les enseignants réfugiés.

Le personnel enseignant réfugié est un pilier essentiel du programme d’inclusion, et l’exploitation de leurs contributions à l’enseignement et à l’apprentissage est un moyen efficace d’atténuer la crise de l’apprentissage lors d’une situation d’urgence. Le partage des responsabilités au niveau international est particulièrement important car plus de 70 % des réfugiés sont accueillis dans des pays en développement confrontés à leurs propres difficultés. Cette solidarité et ce soutien permettraient un financement prévisible, fiable et durable des salaires des enseignants et, partant, favoriseraient des conditions de travail équitables et décentes. C’est à cela que ressemble l’inclusion. Par exemple, les réponses politiques régionales, telles que la déclaration de Djibouti de l’IGADen Afrique de l’Est, doivent être soutenues, car elles reconnaissent spécifiquement le rôle important que jouent les enseignants réfugiés dans l’éducation des enfants réfugiés et appellent à leur intégration dans les systèmes éducatifs nationaux ainsi qu’à la fourniture du soutien et des ressources dont ils ont besoin pour réussir.

Le Forum mondial sur les réfugiés 2023 est une occasion en or. Nous avons besoin d’une collaboration internationale, d’une mise en commun des ressources et d’un échange d’expertise. Les travaux de l’Équipe de travail sur les enseignants du Forum mondial sur les réfugiés fournissent unplan de mesures proactives, allant de la mise en place de mécanismes financiers garantissant un financement continu des salaires des enseignants à la promotion d’un dialogue impliquant les éducateurs dans les processus de prise de décision.

En outre, les gouvernements et les acteurs internationaux devraient créer des parcours permettant aux enseignants réfugiés d’obtenir des qualifications reconnues et un développement professionnel continu, conformément aux normes nationales. Les enseignants réfugiés non syndiqués et sous-qualifiés devraient être intégrés dans les programmes nationaux de formation des enseignants.  Et dans les régions où il existe des barrières linguistiques, les enseignants doivent bénéficier d’une formation et de ressources pour combler ces lacunes. Les investissements dans les technologies de l’éducation, tels que l’apprentissage connecté et les Écoles en réseau instantané (INS) du HCR avec la Fondation Vodafone, sont essentiels. Cette initiative a permis de former plus de 1 992 éducateurs à l’utilisation des technologies pour dispenser un enseignement de qualité. Les évaluations montrent que cette formation, qui couvre des sujets allant de l’utilisation du matériel à la sensibilisation au numérique, renforce la confiance des enseignants dans l’utilisation des plates-formes d’apprentissage numérique.

Il est essentiel de renforcer le soutien aux enseignants réfugiés pour réduire les disparités croissantes en matière d’éducation

Il est essentiel de soutenir les enseignants réfugiés, qui sont en première ligne pour assurer l’éducation des enfants déplacés. Plus de 50 % des enfants réfugiés en âge d’être scolarisés ne sont pas scolarisés et même ceux qui sont scolarisés sont confrontés à des conditions d’apprentissage instables. Si ces enseignants ne sont pas reconnus et soutenus comme il se doit, l’éducation des enfants touchés par les déplacements reste menacée et nous ne parviendrons pas à atteindre l’ODD 4. Une éducation transformatrice pour des millions d’enfants déplacés dépend d’un soutien plus cohérent et plus fiable aux enseignants réfugiés.

Crédit photo : HCR/Diana Diaz

[1]le HCR a commandé cette étude afin d’explorer et de mieux comprendre les différents profils des enseignants travaillant dans des contextes de réfugiés et de déplacement – à travers les dimensions de la gestion des enseignants, du développement professionnel et du bien-être – pour permettre au HCR, aux partenaires et aux acteurs étatiques de fournir aux enseignants dans ces contextes un soutien, des ressources et un développement des capacités plus ciblés et plus percutants.

Blog
  • 09.09.2023

Pour remédier à la pénurie d’enseignants dans les situations de crise, nous devons protéger les enseignants contre les attaques

Chris Henderson, Institut de hautes études internationales et du développement (Genève, Suisse) et NORRAG


Dans les situations de crise et d’urgence, des enseignants sont régulièrement pris pour cible dans l’exercice de leurs tâches essentielles. Pour bon nombre d’entre eux, cela nuit à leur résilience, à leur bien-être et à leur sentiment d’utilité.

Malheureusement, bien trop d’enseignants sont encore en danger, et ce dans toutes les régions du monde. Selon les estimations du Ministère ukrainien de l’éducation et des sciences, plus de 3 500 établissements d’enseignement en Ukraine ont été détruits ou endommagés par des attentats à la bombe ou des bombardements depuis le 24 février 2022. D’autres rapports font également état d’attaques ciblant les enseignants eux-mêmes (GCPEA, 2023).

Pour assurer un suivi des crises à l’échelle mondiale, l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU) recueille des données concernant le nombre d’attaques sur les élèves, le personnel et les établissements (Indicateur 4.a.3 de l’objectif de développement durable 4). À l’heure actuelle, nous disposons de données sur 101 pays entre 2013 et 2021. La figure 1 montre les cinq pays où les attaques sur les élèves, le personnel et les établissements sont les plus fréquentes. En 2021, c’est au Myanmar que les enseignants ont été le plus exposés, avec 426 attaques. L’État de Palestine a été le théâtre de 371 attaques et il y en a eu 302 en République démocratique du Congo. Plus de 100 attaques ont été dénombrées en Afghanistan, au. Comme l’indique la figure 1, au Myanmar et dans l’État de Palestine le nombre d’attaques augmente rapidement, ce qui signifie qu’au quotidien les enseignants prennent aussi plus de risques.

Nombre d’attaques sur les élèves, le personnel et les établissements, 2013-2021

AttacksGraphFR
Source : Institut de statistique de l’UNESCO, 2023.

Les enseignants sont privés de la sécurité et de la dignité qu’ils méritent

Il arrive que les enseignants soient menacés, enlevés ou tués parce qu’ils représentent l’État ou parce qu’ils appartiennent à des syndicats d’enseignants. Les enseignants sont aussi fréquemment victimes de violences sexuelles pendant ou après les attaques commises dans des écoles par des groupes armés. Dans d’autres situations de conflit, des enseignants sont tués ou blessés par des armes explosives sur le chemin de l’école ou lors d’affrontements entre groupes armés.

Lorsque les écoles et les universités sont utilisées comme camps de base, ces établissements peuvent être ciblés par des attaques aériennes ou au sol menées par des forces d’opposition, ce qui met aussi les enseignants en danger. À travers le monde, les cas d’utilisation d’écoles et d’universités à des fins militaires ont plus que doublé entre 2020 et 2021.

Les enseignants sont des cibles dans de nombreux endroits

Les effets de ces phénomènes sur les enseignants et sur les enfants et adolescents qu’ils instruisent sont profonds. Par exemple, en Colombie, où 83 attaques ont été recensées en 2021 (ISU, 2023), les enseignants indiquent que les menaces et les actes de violence influent sur la qualité de leurs pratiques pédagogiques. Certains enseignants signalent également que la violence leur fait perdre confiance et nuit à l’authenticité de leur engagement auprès des élèves et de leurs familles. D’autres encore reconnaissent qu’ils évitent de traiter certains sujets en raison de la violence que les récits approuvés par l’État peuvent susciter.

Des enseignants qui participent activement aux efforts de consolidation de la paix afin d’éviter l’enrôlement de leurs élèves dans les forces armées ont aussi été pris pour cible par des groupes paramilitaires. Par exemple, dans la communauté d’El Salado en Colombie, les 25 enseignants d’une école ont reçu des messages dans lesquels un groupe paramilitaire menaçait de s’en prendre violemment à eux. Les incidents comme ceux-là ne sont pas isolés.

En Afghanistan, où les talibans sont de retour au pouvoir, de nombreux responsables éducatifs ont été menacés, arrêtés ou tués pour avoir défendu l’éducation des filles. Ailleurs, des extrémistes armés, comme ceux du groupe Boko Haram au Nigéria, s’opposent à l’éducation occidentale et ont menacé, tué ou enlevé des enseignants pour les empêcher de dispenser le programme scolaire national (GCPEA, 2022). Les enseignants affirment que leur moral a été durement touché par les attaques que leurs collègues ont subies, l’insécurité quotidienne rendant l’exercice de leur métier presque impossible.

En Syrie, la Coalition mondiale pour la protection de l'éducation contre les attaques (GCPEA) décrit comment les forces de la résistance ciblent les enseignants et les enrôlent de force. Au Myanmar, les enseignants qui soutiennent le Gouvernement d’unité nationale, mouvement de résistance opposé au gouvernement actuel, ont été pris pour cible. Plus de 40 d’entre eux ont été enlevés et tués rien qu’en 2021.

La violence a un effet négatif sur le recrutement et la rétention des enseignants

Ring et West (2015) soulignent la mesure dans laquelle les traumatismes liés à des conflits violents et à des déplacements forcés nuisent à la capacité des enseignants à exercer les fonctions essentielles de leur métier. En plus des facteurs de stress complexes dans leur vie personnelle, les enseignants doivent gérer des classes surchargées d’enfants et adolescents meurtris par les conflits, qui ont grandement besoin d’un soutien psychosocial et socioémotionnel. Ils sont donc souvent désemparés et surmenés. Cela affaiblit leur sentiment d’auto-efficacité, c’est-à-dire la conviction que leurs actions influent sur les résultats. Or ce facteur est un élément clé de la motivation des enseignants. Pour résumer, la violence et les traumatismes augmentent l’attrition et exacerbent les pénuries d’enseignants dans les pays qui en ont le plus besoin.

En République démocratique du Congo, Wolf et al., (2014) établissent un lien entre le bien-être des enseignants et la qualité du système éducatif. Leur étude empirique, l’une des premières à conceptualiser et mesurer le bien-être des enseignants en situation de crise, applique le concept de « risque cumulé » pour décrire les conditions nocives et les nombreux facteurs de stress qui pèsent sur le travail et le bien-être des enseignants. Elle met en évidence une relation négative et statistiquement significative entre ce risque cumulé et la motivation professionnelle des enseignants. Ainsi, plus les enseignants sont exposés à des risques dans le cadre de leur travail, moins ils ont envie de rester dans le système éducatif.

De même, les conclusions de cette étude démontrent une relation positive et statistiquement significative entre ce risque cumulé et le risque d’épuisement professionnel : l’augmentation de l’exposition au risque est corrélée à une augmentation des cas d’ épuisement professionnel. Ainsi, pour que les enseignants puissent mobiliser toutes leurs capacités, sans mettre en péril leur santé physique et psychologique, leur bien-être et leur protection doivent être au premier plan des politiques de recrutement et de rétention, assorties des financements appropriés.

Nous devons agir maintenant pour renforcer l’attrait de la profession

Ces différentes études, parmi d’autres, rendent compte d’une crise dans la crise. Lorsque les écoles et les enseignants sont vulnérables face aux attaques, et lorsqu'un salaire inadéquat, un soutien psychosocial inexistant et une évolution professionnelle insuffisante s’ajoutent à la violence que les enseignants subissent, l’enseignement est perçu comme un risque en soi. Illustration de ce phénomène, seuls 18 % des enseignants réfugiés dans le camp de Dadaab au Kenya souhaitent encore enseigner dans trois ans, et seuls 4 % des enseignants de la communauté d’accueil affirment la même chose.

L’échec de la protection des enseignants face aux attaques aggrave la pénurie mondiale des enseignants. Cela nuit à l’attractivité de la profession et force un grand nombre d’enseignants à abandonner leur poste Alors qu’approche la Journée mondiale des enseignants[1] célébrée le 5 octobre, notre plaidoyer en faveur d’une éducation de qualité dans les situations de crise doit mettre au premier plan le droit des enseignants à un environnement professionnel sûr et sain, ainsi que le statut et la dignité dont doivent bénéficier tous les membres du corps enseignant.

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Photo : Nan Maw Maw Kyi. Enseignante. Myanmar. © UNICEF/UN061811/Brown